Face à la puissance de frappe du Bayern, l'OM veut avant tout ne pas encaisser de but en quart de finale de la C1. Comme face à l'Inter (1-0) ou face à Manchester United (0-0) en 2011 en huitième de finale. Marseille doit trouver le parfait dosage entre prudence défensive et audace offensive."Marseille-Inter est peut-être le match le plus ennuyeux que j'ai jamais couvert." Pourtant Gary Lineker a quelques saisons au compteur comme consultant pour la télévision britannique. Mais il n'a pu s'empêcher de déverser sa frustration sur Twitter au coup de sifflet final. La réception des Lombards au Vélodrome en 8e de finale de la Ligue des Champions (1-0) n'a pas soulevé les foules comme celle de Manchester United un an plus tôt (0-0) au même stade de la compétition.
Deux scénarii dont le principal instigateur est Didier Deschamps. “Ce 0-0 est peut-être un bon résultat pour nous”, déclarait-il à l'issue de 90 minutes apathiques face à MU. Même si le retour lui donnera tort (2-1). “Il ne s’est rien passé dans ce match, c’était assez pauvre”, constatait Alex Ferguson. Face à l'Inter, le coach de l'OM a persisté. Et face au Bayern, il n'y a pas de raison que ça change. Après tout, Marseille a inquiété le futur finaliste de la compétition jusqu'au bout et sorti le vainqueur 2010, même franchement boitillant.
"Couper la finition ou empêcher la transmission"
Et l'OM se méfie particulièrement de la puissance de frappe des Allemands. Auteur de 33 buts cette saison en Bundesliga et Ligue des Champions, Mario Gomez symbolise à merveille ce Bayern champagne alors que sur les ailes Franck Ribéry et Arjen Robben n'ont pas leur pareil pour semer la panique. Les Bavarois sont une machine à scorer. Deschamps tire le même diagnostic : "On met en avant leur qualité offensive, s'ils avaient tous les autres secteurs au même niveau, ce serait injouable. Au Bayern, il y a des bons frappeurs. Ils font beaucoup d'attaque placée et des centres devant le but. Cette présence fournit ces occasions-là. Les deux accélérateurs Ribéry et Robben, et aussi les deux latéraux, amènent ces situations dangereuses devant le but."
Le remède est donc connu : verrouiller. Partout : dans l'axe et sur les ailes comme face à l'Inter et Manchester. "Je vais essayer de faire en sorte qu'ils aient le moins de munition possible devant", précise Deschamps. "Le rôle de Mario Gomez est très important. Il sait bien se déplacer. Et il est très adroit devant le but. On a deux solutions : couper la finition ou empêcher la transmission." Pour appliquer les préceptes de Deschamps, Marseille va comme à son habitude en C1 muscler son entrejeu : exit Benoît Cheyrou, Stéphane Mbia et Alou Diarra devront imposer leurs muscles et leurs tacles à broyer de la pierre pour faire déjouer le géant allemand et rompre les lignes de passes notamment entre le petit génie Kroos et Gomez ou Müller.
C'est ce milieu de terrain qui a pu effrayer Manchester et l'Inter, dépourvus d'audace au Vélodrome. Si Jupp Heynckes n'a qu'une crainte ce mercredi, elle vient de "l'impact physique de l'OM." Mbia ne dit pas autre chose dans l'Equipe du jour : "Va pas falloir rigoler. La bataille sera au milieu (...). L'équipe doit imposer sa puissance physique. Ce sera à Alou et à moi de donner le ton."
"Avoir l'intention de marquer"
Dans les couloirs, Amalfitano et Andre Ayew devront s'astreindre à plusieurs allers-retours face à Lahm et Alaba pour soulager Morel et Azpilicueta qui ne devraient pas manquer de travail. Si l'OM parvient à cadenasser les couloirs, ce Bayern sans aile ne sera plus tout à fait le même. D'autant que cela sécuriserait un axe fragilisé par les absences de Souleymane Diawara et surtout de Steve Mandanda. Pourtant Deschamps le promet : "Il ne faudra pas se contenter de ne pas prendre de but. Il faut aussi avoir l'intention d'en marquer."
La défense du Bayern n'est pas au niveau de son secteur offensif et s'il fallait trouver une faille dans le onze de Jupp Heynckes, elle se situerait dans l'axe central. Même si Boateng et Badstuber demeurent "deux internationaux", comme le rappelle Deschamps. Avec Andre Ayew touché aux cervicales, Loïc Rémy et ses ischio-jambiers qui sifflent, les Phocéens ne se présentent pas avec leurs meilleures armes. Eux qui n'ont inscrit que cinq buts lors de leurs huit derniers matches... Dans ses confrontations aller-retour, ils ne dévieront donc pas tellement de l'objectif suprême fixé par leur coach : ne pas encaisser de but. N'en déplaise à Gary Lineker.
