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25 mars 2012

AS Roma, son ADN est son frein

AS Roma, son ADN est son frein  La Roma poursuit sa mutation. Sur le plan sportif, la saison est moyenne et le club semble naviguer à vue. La révolution de Luis Enrique peine à s’imposer mais les dirigeants veillent à ce que l’Espagnol bénéficie d’un soutien sans faille. Sur le plan des comportements, certaines choses ont changé mais d’autres semblent ancrées à jamais dans les fondations romaines. Pression, excès, romantisme, confiance exagérée, l’ADN de la Roma fait faire à chaque fois un pas en arrière au club quand celui-ci semble lancé.


Fellini a parfaitement dépeint Rome dans La Dolce Vita, un classique du cinéma italien. Rome est une ville spéciale où l’on vit la nuit, où l’on aime profiter du bon temps, où l’on aime élever la voix et s’emporter à la moindre discussion. Voir, se faire voir et se faire entendre. La vie y est douce et agréable. Le climat est généreux, la mer n’est pas loin et les Romains savent aussi se contenter de ce qu’ils ont, même s’ils aspirent à mieux.
Le propre de l’Homme. Ils savent profiter des choses simples que leur offre cette ville. Mais plus qu’une douceur de vivre, cette ville laisse le sentiment d’une douce folie. L’empreinte du passé glorieux n’est jamais très loin, les caractères sont affirmés et les rêves nombreux, d’où parfois, une impression de sage mélancolie. Et les joueurs de la Roma sont un mélange de tout cela. Ils baignent dans cette atmosphère toute l’année et plongent chaque jour un peu plus dans l’excès.


L’excès à tous les étages.


Tous disent "je ne m’attendais pas à ça". À chaque fois qu’un joueur ou un entraîneur débarque à Rome, il a beau avoir été prévenu, il n’en revient pas. Rome respire le football. C’est une ville du Sud, les gens sont chaleureux et excessifs. La pression est énorme et l’accueil à la hauteur des espoirs placés dans le club à chaque début de saison. Si vous gagnez, vous êtes un héros, mais si vous perdez, vous êtes un traître, un profiteur, un fainéant ou un sale type. Au choix. Les supporters sont ainsi faits et à Rome, c’est toujours ainsi.


Encore que, les supporters ont affiché cette saison une patience jamais vue à Rome. Les banderoles en ce sens se sont multipliées de "Nous, jamais esclaves du résultat" en début de saison à "Nous soutenons vos idées, mais notre voix mérite des rencontres européennes", lundi soir à l’Olimpico, à l’occasion de Roma-Genoa. Une banderole à double sens, à la romaine : on affiche notre patience mais on vous met la pression pour une qualification européenne en fin de saison. Le Romain n’est parfois pas simple à suivre et à comprendre. Même discours sur les nombreux sites et radios dédiés à la Roma. On les compte par dizaines, sont accrédités aux conférences de presse, appellent des anciens joueurs et débattent toute la journée. Ils font la pluie et le beau temps.


Forcément, les joueurs ressentent cette pression. Les Romains de sang ont du caractère et les Romains d’adoption prennent, pour beaucoup, le chemin de cette douce folie ambiante. Résultat, sur le terrain, ils sont nombreux à ne pas réussir à retenir leurs nerfs. La liste est longue sur les dernières années : Totti, De Rossi, Rosi, Mexès, Panucci, ou plus récemment, Lamela et Osvaldo. Du coup, la Roma affiche huit expulsions en Série A cette saison et a déjà terminé un match à huit (Fiorentina) et un autre à neuf (Atalanta). Quand le match n’est pas à l’avantage des Giallorossi, certains s’énervent et sortent alors la panoplie des mauvais coups. Qui se souvient du coup de Totti à Balotelli ? Des coups de coude de De Rossi ? Des pétages de plomb de Mexès suite à des injustices ? Des coups en douce d’Osvaldo et Lamela cette saison ? Tout le monde, à commencer par les supporters. Évidemment, il est plus difficile de gagner des matchs à dix, neuf, et même huit.


« L’enflammade », comme on aime le dire en France, est aussi généralisée dans les rangs de la Roma. Le comportement des joueurs est indexé sur les avis de supporters : un match gagné, le Scudetto est possible, un match perdu, on revoit les ambitions à la baisse. Sur les trois dernières saisons, pour prendre les plus récentes, les supporters ne comptent plus les fois où les joueurs ont déclaré, après une victoire, que le titre, ou la troisième place étaient encore jouables. Et à chaque fois ou presque, la journée d’après, la Roma s’est inclinée. Une remarque proche de la superstition mais qui est une simple réalité. Les joueurs ont-ils trop confiance en leur talent ? Se laissent-ils envelopper dans la folie post-victoire ? Manquent-ils de recul ? Un peu tout cela à la fois.


L’ADN du jeu


La Roma a toujours été une équipe joueuse. Une équipe spectaculaire dans une ville où les ancêtres se sont bousculés pour assister aux jeux dans les arènes. Le spectacle est définitivement ancré dans la culture romaine, et à tous les niveaux. La Roma a longtemps traîné, et traîne encore, cette réputation d’équipe romantique. Une équipe qui joue bien - souvent même l’équipe qui joue le mieux – mais qui ne gagne (jamais) rien à la fin. Trois petits Scudetti, et 9 Coupes d’Italie. Un club qui a la poisse et qui tremble au moment de conclure, comme lors de la finale de la Coupe des Champions 1984, perdue à l’Olimpico et aux tirs aux buts face à Liverpool.


Luis Enrique tente d’apporter une autre manière de bien jouer au football. Mettre en place un tel projet réclame du temps et de la patience. Les dirigeants et les supporters lui accordent ce temps précieux. Mais, plus la saison avance, plus on voit les joueurs évoluer à l’ancienne, à base de longues balles, de recherche immédiate de la verticalisation, de déviations, etc. Loin des préceptes du jeu de Luis Enrique. Face au Genoa, la Roma a fait un récital de jeu à l’ancienne. En conférence de presse d’après-match, l’entraîneur espagnol a expliqué qu’il ne "retenait que le résultat" et que le match ne lui avait pas plu. Ce n’est pas vraiment étonnant. Certains éditorialistes parlent d’une "italianisation" de Luis Enrique et de ses méthodes. Mais n’est-ce pas plus complexe ?


Luis Enrique a t-il les joueurs pour son projet de jeu ?Avec des défenseurs centraux vieillissants qui se font prendre en contre (et qui ne peuvent pas jouer au niveau de la ligne médiane), des latéraux qui n’apportent rien offensivement et laissent des boulevards dans leur dos et aucun ailier capables de faire la différence, on peut en douter. L’équipe est passée du 4-3-3 de début de saison à un 4-3-1-2 où les candidats à un poste axial sont nombreux : Totti, Osvaldo, Lamela, Borini voir Pjanic. En fait, seul le milieu de terrain tourne bien. De Rossi est le troisième homme dans l’axe de la défense, il vient chercher le ballon très bas, permettant d’écarter le jeu avec les défenseurs axiaux, Pjanic est un bon manieur de ballon et sait jouer dans les petits espaces, et Gago est un joueur hybride, entre attaque et défense, doté d’un bon pied droit. Alors le mercato estival a t-il été raté ? En voyant Bojan, Kjaer, José Angel et les montants faramineux investis sur Osvaldo (18M€) et Lamela (20M€), beaucoup se posent la question. Et ils ont raison. Pour bien jouer au football, il faut les joueurs adéquats. Et comme Luis Enrique n’est pas vraiment quelqu'un de flexible – c’est le moins que l’on puisse dire - , il aimerait avoir des joueurs qui entrent dans son schéma, plutôt que d’adapter son schéma aux joueurs dont il dispose.


Luis Enrique a été choisi, entre autres, pour le beau jeu qu’il prône. Et c’est un élément essentiel à Rome. Mais l’équipe paraît parfois prisonnière de ce précepte. Dans de nombreux matches, elle fait tourner la balle, multiplie les redoublements de passe mais ne progresse pas. Alors, pour reprendre une expression de guerre qui va si bien avec le passé de la Ville éternelle, l’équipe met des hommes en plus sur le front de l’attaque. Résultat, à chaque perte de balle, la phase défensive est un joyeux bazar où les joueurs sont en un contre un permanent avec l’adversaire, et où les buts pleuvent. C’est la plus grosse limite du schéma actuel de Luis Enrique. Il ne trouve pas la solution pour la transition entre phase offensive et défensive. Du coup, la Roma prend des buts. Beaucoup de buts (33).


Ces dernières semaines, les joueurs ont travaillé sur les schémas défensifs et viennent d’enchaîner deux matchs sans prendre de buts (Palerme et Genoa). Samedi soir, la Roma se rend à San Siro pour défier le dernier représentant européen, l’AC Milan. Et si je vous dis que les joueurs, après le match face au Genoa, ont expliqué qu’ils étaient plein d’espoir pour accrocher la troisième place, beaucoup répondront, par superstition – l’autre sport du Sud de l’Italie – que ce n’est pas vraiment bon signe…